La dormance de l’écriture
de Martine Quinette
Des images se bousculent. Une haie mal taillée, débordant sur le trottoir, autour d’un jardin où les hortensias fanent sur pied. A l’intérieur de la maison, les couleurs passées des murs, avec par endroits, des coins de papier qui se décollent. Sur la table de la salle à manger, du courrier et des journaux qui s’empilent. Des vêtements au portemanteau et une écharpe oubliée sur le dos d’une chaise. Dans la cuisine, un bol au fond de l’évier et un peu de café au fond du bol. Au mur, un panneau de cartes postales épinglées et écornées. Des miettes sur la table et dans le beurrier resté ouvert. Une chaise, un peu en biais, tourne le dos à la fenêtre.
Sur la chaise, il y a moi. Les pieds croisés sous la table. Immobile, les yeux fermés et la tête calée sur mon poing. La main droite tient un stylo, en suspens au-dessus de la page, tendu et vibrant comme un oiseau en attente.