Stèles
(après les stèles de Segalen)
de Nicolas Benoît
ICI, l’homme
Narcisse à sa fenêtre
Se mire dans les étoiles
Un paysage champêtre
Compose le fond de toile
Jamais il ne se lasse
Dans les cieux de se voir.
Son petit vasistas
Devient l’observatoire
D’un monde dont il est roi
D’un moule dont il est maître
Et d’où des images de soi
Petitement il fait naître.
Sidonie
Si dans cette allée, Sidonie est passée
Si sur ce pavé, son soulier s’est posé
Passant tu dois savoir pour la postérité
Qu’en ces lieux une soirée, Sidonie fût aimée
Au dragon de l’appartement
Colocataire gênant tu as pris toute la place
Mon plus petit vêtement est marqué de ta trace
Et durant des années accaparant l’espace
Tu as su grandir m’enfermant dans une nasse.
En luttant contre toi, j’engage le combat
Qui, un jour de printemps, adulte me rendra
Et attendant confiant le jour de ton trépas
J’érige cette épitaphe pour que je n’oublie pas.