Vagues

de Fabienne Mirbeau

Ce n’est pas un pays facile
je ne sais pas les routes
ni même les chemins escarpés qui y mènent
je suis souvent perdue

C’est un pays qui happe et prend et
garde au creux de ses bras
plus rien alors d’autre n’existe
tout s’efface des blessures
et ça pourrait durer

C’est un pays contradictoire

C’est un pays aride et froid
qui ne sait pas ses luxuriances
C’est un pays silencieux et sombre
où affleure parfois le feu tellurique
C’est un pays fragile
qu’un souffle suffit à faire basculer
dans un autre univers
et perdu à jamais

C’est un pays antipode
où je suis prisonnière.

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Si peu de tout
qui ne tient qu’à un fil
Si petite part du monde
et la laisser

Des liens si légers, si ténus, si patients
tant pis
qu’ils s’effilochent

Le bric-à-brac des haines et des rancœurs
des regrets, des j’aurais-dû
tous les mots dits et les mots tus
se décaparaçonner de tout souvenir
de toute rassurance
et même des rires

Ne plus même se retenir au fil intérieur de sa propre histoire qui s’écoute et s’invente tout le long du temps

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Comme au bord d’un lac paisible
et sans fond
qui perd la peur
et ne la rend pas
les mains tendues
sont accueillies
pour la rencontre sacrée
elle demeure

Son corps est touché
il s’apaise
et se rassure
sans doute

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La mer a tu son murmure
l’horizon s’est lissé
les orages, eux, se sont évanouis
alors seulement
les mains ouvertes

Le lac blanc des sommets
noirci de tant de regards
boit enfin ses reflets
Le Vieux Sage ne demande pas

De très haut la larme
touche au cœur l’acteur
qui la redonne au loin
le ciel descend
jusqu’au bord

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L’éclair blanc tisse
la masse verte
elle s’ouvre pour lui
mais garde le secret

Le chevalier de métal
galope son chemin
à travers la forêt
les yeux toujours ouverts
et sans rien savoir d’autre

Elle seule qui l’attend agenouillera
le métal froid
qui protège son cœur

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Fleur ouverte rouge
brutalement éclose
de rire

Secret immense
et trop visible
je n’en retiens que le reflet

A la cime d’un arbre
et roulant sur les feuilles
le vert éclatant
défilant bruyamment
et très vite
rit pour longtemps

Le trop-plein de lumière
luit dans les larmes
qui coulent en cascade
étincelante

les couleurs s’y étalent

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Deviner lettre à lettre
le chemin

lentement dessiné
par d’autres déjà
ou par d’étranges souvenirs
et qui mène à l’Autre Monde
devant la porte grande ouverte
et le suivre

Qu’il ne s’efface pas
tout à fait
sous de fausses apparences
qu’il ne se perde pas

Il change à chaque mot.

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Trait au cœur
cœur extrême de la peur
paix infinie
d’une goutte d’eau en équilibre

(et prête à se confondre)

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Elle a marché sur la route gris fer respirant avec ferveur les odeurs de la mer et du vent

S’éloignant peu à peu des batailles et des bruits de ferraille

Au loin l’herbe verte et drue et forte atteignait des profondeurs marines et confondait les vagues.

"J'ai tendu des cordes de clocher à clocher" ; ... Arthur Rimbaud

Dates à venir

7/8 décembre 2024

Échappée poétique

Bulletin de l’Atelier

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